Les PFAS (en anglais) ou SPFA (en français) sont des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées. Il s’agit d’une famille de plus de 15 000 substances chimiques de synthèse1.
Les PFAS sont utilisés dans une grande variété de produits de consommation, notamment pour leurs propriétés ignifuges, antitaches, antiadhésives, émulsifiantes et imperméabilisantes. Par exemple, ils entrent dans la composition de matériaux d'emballage alimentaire, de médicaments, de cosmétiques, de pesticides, de textiles (ex. : tapis, meubles, vêtements), de véhicules et de produits électroniques1.
Les PFAS peuvent être divisés en deux catégories principales : polymères et non polymère, chacune ayant des applications spécifiques. Au sein de ces grandes catégories, il existe de nombreuses variantes présentant des propriétés et des comportements différents. Les PFAS polymériques, utilisés intentionnellement dans les articles finis, constituent plus de 75 % des PFAS présents dans les produits textiles afin d'obtenir les propriétés fonctionnelles souhaitées. Les PFAS non polymériques, utilisés comme intermédiaires de traitement lors de la fabrication, persistent dans les articles finis et peuvent être libérés pendant la durée de vie du produit, notamment lors du lavage. En raison de leur grande stabilité chimique, les PFAS sont très résistants à la décomposition et une fois libérés des produits, ils restent dans l’environnement pendant de très longues périodes2.
La page Web de l’INSPQ sur les substances per et polyfluoroalkylées (PFAS) est une source d’information au sujet des PFAS.
[1] Rapport sur l’état des substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques (SPFA) (Environnement et Changement Climatique Canada-Santé Canada, 2025)
[2] An assessment on PFAS in textiles in Europe's circular economy (European Environment Agency, septembre 2024)
Les effets de l’exposition aux PFAS sur la santé ne sont pas encore bien documentés et les connaissances sur ceux-ci demeurent insuffisantes concernant leurs effets chez l’humain.
Les PFAS les plus couramment étudiés sont l’acide perfluorooctanoïque (PFOA) et l’acide perfluorooctane sulfonique (PFOS) ainsi que l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS) et l’acide perfluorononanoïque (PFNA).
Des études indiquent que l’exposition à long terme à certains PFAS peut être associée à des effets physiologiques comme la diminution de la réponse immunitaire à certains vaccins, le débalancement des lipides dans le sang comme le cholestérol, ou à des effets sur la santé comme la baisse du poids de naissance et l’augmentation du risque de cancer du rein.
Après une étude approfondie de la littérature scientifique disponible, dans le cadre du programme des Monographies du Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), un groupe de travail, composé de 30 experts internationaux, a classé l’acide perfluorooctanoïque (PFOA) comme « cancérogène pour l'homme » (Groupe 1), et l'acide perfluorooctanesulfonique (PFOS) comme « peut-être cancérogène pour l'homme » (Groupe 2B)3.
De nouveaux types de PFAS sont en cours de développement, notamment afin de remplacer les PFAS existants, tels que le PFOA et le PFOS, dont la production et l’utilisation sont désormais interdites ou réglementées. Certains peuvent avoir des propriétés similaires aux PFAS existants. D’autres peuvent être moins persistants dans l’environnement. Il existe très peu d’études scientifiques sur les nouveaux PFAS. De ce fait, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour découvrir s’ils peuvent être nocifs pour la santé4.
Pour plus d’information, consultez le document Effets potentiels des PFAS sur la santé | Institut national de santé publique du Québec.
[3] Les Monographies du CIRC évaluent les effets cancérogènes de l’acide perfluorooctanoïque (APFO) et de l’acide perfluorooctanesulfonique (SPFO) (Centre international de Recherche sur le Cancer [OMS])
[4] PFAS Substitution Guide for Textile Supply Chains (RISE Research Institutes of Sweden)
Les PFAS sont répandus dans l’environnement, incluant l’eau et les aliments. Une des principales sources d’exposition aux PFAS chez les pompiers est la mousse à formation de pellicule aqueuse (mousse AFFF) utilisée dans la lutte contre les incendies. Ces mousses sont conçues pour éteindre les incendies de classe B dans les situations d’urgence, notamment ceux impliquant des liquides inflammables ou combustibles. Plus d'informations sur les mousses à formation de pellicule aqueuse et sur le Règlement sur certaines substances toxiques interdites sur le site d'Environnement et ressources naturelles – Canada.
Les PFAS sont également présents dans les fumées d’incendie et dans certains textiles entrant dans la fabrication des vêtements de protection individuels pour la lutte contre les incendies (VPI). Les études ont montré que les VPI usagés et neufs peuvent contenir des quantités mesurables de PFAS au niveau de toutes les couches. Les VPI devraient donc être considérés comme une source potentielle d’exposition professionnelle des pompiers aux PFAS. Cependant, l’ampleur de cette exposition demeure inconnue.
Les recommandations de la CNESST indiquées dans le Guide des bonnes pratiques : L’entretien des vêtements de protection pour la lutte contre les incendies concordent avec les données les plus récentes de la littérature scientifique et contribuent à limiter l’exposition des pompiers aux contaminants, notamment les PFAS. Les principales mesures de prévention comprennent :
- Suivre les consignes d’entretien des VPI fournies par le fabricant (guide de la FEMSA) ainsi que les normes NFPA 1851 et NFPA 1550 : Section 9.1.
- Procéder à une réduction préliminaire de l’exposition (RPE) sur le lieu d’intervention.
- Effectuer un nettoyage avancé et une inspection de routine avant la remise en service du VPI, après chaque RPE.
- Isoler et entreposer les VPI dans un sac imperméable et hermétique après chaque intervention. Le sac ne doit pas être transporté à l’intérieur de l’habitacle destiné aux pompiers ou dans un véhicule personnel.
- Respecter les trois zones du processus de décontamination à la caserne afin d’assurer une gestion sécuritaire de la contamination.
- Prendre une douche le plus rapidement possible après chaque intervention.
- Changer le VPI après 10 ans.
Cette mesure de prévention ne fait pas partie des recommandations de la CNESST. Cependant, par son droit de gestion, un employeur peut mettre en place des mesures additionnelles tout en appliquant les mesures minimales demandées. Il peut, par exemple, spécifier quel type d’équipement de protection doit être porté pour les situations auxquelles les travailleurs sont exposés. D’ailleurs, certains fabricants de VPI recommandent de limiter le plus possible le port du VPI aux seules situations qui exigent ce niveau de protection.
D’autres mesures de prévention peuvent être mises en place pour diminuer l’exposition aux PFAS, en voici quelques exemples :
- Séparer les VPI traités aux PFAS des autres textiles.
- Laver les doublures thermiques avant la première utilisation.
- Porter des vêtements sans PFAS en dessous des VPI et les laver régulièrement et séparément.
- Se laver les mains après avoir manipulé les VPI.
- Effectuer un nettoyage spécialisé des VPI lorsque de la mousse AFFF est utilisée pour combattre l’incendie.
Des études 5 6 démontrent que puisque les VPI sont rangés à l’intérieur des casernes de pompiers, les PFAS présents sur ou dans les tenues peuvent se retrouver dans l’air ambiant des casernes et ainsi contribuer à l’exposition des pompiers aux PFAS. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour documenter l’ampleur et l’impact de cette exposition chez les pompiers.
[5] Per- and polyfluoroalkyl substances (PFAS) and total fluorine in fire station dust (National Library of Medecine)
[6] Firefighters’ exposure to per-and polyfluoroalkyl substances (PFAS) as an occupational hazard : A review (National Library of Medecine)
Les produits contenant de l’APFO ou des APFC à LC, fabriqués ou importés avant l’entrée en vigueur de l’interdiction sont exemptés du règlement. Pour interdire l’utilisation d’un VPI fabriqué avant 2016 et n’ayant pas atteint sa durée de vie (10 ans) en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, il faut démontrer le danger. La littérature scientifique ne nous permet pas de nous prononcer sur le danger d’utiliser un VPI fabriqué avant 2016, contenant potentiellement des PFOA et respectant les critères d’inspection annuelle. Cependant, un service de sécurité incendie (SSI) peut décider de les retirer par principe de précaution. Par ailleurs, certains SSI utilisant fréquemment les VPI constatent que leur durée de vie moyenne est de 7 à 8 ans.
Non. Cependant dans la certification OEKO-TEX STANDARD 1007, les textiles et les accessoires ne doivent pas contenir certains produits chimiques et substances problématiques ou alors en quantités limitées, notamment des métaux lourds, des phtalates ou certains PFAS.
Par ailleurs, la norme NFPA 1970 (2025)8 établit des exigences pour les équipements de protection utilisés dans la lutte contre les incendies et les services d'urgence. L’article 8.21 définit les niveaux acceptables de substances restreintes dans les composants des équipements de protection. Les matériaux de ces équipements doivent satisfaire aux exigences de substances restreintes, y compris une liste de certains PFAS lorsqu'ils sont testés selon l'article 9.10.1.
La norme NFPA 1970 (2025) cite comme exemple l’organisme d’attestation OEKO-TEX pour les substances restreintes notamment par l’entremise de sa norme OEKO-TEX STANDARD 1007.
Nous vous invitons à lire la réponse à la question 11 comme élément complémentaire pour l’aspect global de sécurité.
Selon la littérature, les données démontrant l’absorption de certains PFAS non polymériques par voie cutanée sont limitées. Actuellement, les études mentionnent que la peau est une voie d’exposition potentielle, mais elles ne permettent pas de démontrer que les VPI constituent une source d’exposition cutanée de PFAS pour les pompiers. L’inhalation et l’ingestion des PFAS sont les voies d’exposition connues et documentées.
Les recherches sur les propriétés toxicologiques des PFAS polymériques sont limitées. Toutefois, vu leur grande taille moléculaire, il est considéré comme peu probable qu’ils soient absorbés par les organismes vivants. Par conséquent, leur risque est jugé moindre que celui des PFAS non polymériques.
Avant de choisir des vêtements de protection sans PFAS, il faut considérer tous les facteurs de sécurité, de performance et de confort.
Il est difficile d’éliminer complètement les PFAS de la fabrication des VPI sans compromettre la performance de l’équipement de protection. En plus de protéger les pompiers contre les flammes, les vêtements de protection doivent favoriser l’évacuation de la chaleur corporelle pour éviter les coups de chaleur, protéger contre les produits chimiques et les liquides biologiques, offrir une protection mécanique, résister aux déchirures, aux coupures et à l’abrasion et être imperméables à l’eau et aux hydrocarbures.
Les tendances du marché au sein de l'industrie du textile et des VPI indiquent que plusieurs alternatives aux PFAS sont utilisées et que d’autres sont en développement.
Actuellement, les textiles sans PFAS sont en général plus sensibles aux conditions et aux processus de fabrication, nécessitant souvent de nombreux essais pour atteindre une qualité adéquate. Il est important de s'assurer que la chimie alternative respecte les critères de performance, de santé, de sécurité et de confort pour les vêtements de pompiers.
L'évaluation de la toxicité des PFAS est complexe en raison de leur diversité, du manque de données et de la possibilité de les évaluer en tant que groupe, ce qui a empêché toute investigation adéquate. Si un échantillonnage des composants présent dans les VPI est effectué, il est certain que des PFAS seront mesurés. Ces produits entrent dans la composition du VPI et sont également présents dans les fumées d’incendie. Aussi, l’échantillonnage des VPI permet de quantifier seulement le VPI qui a été échantillonné et n’est pas représentatif de l’ensemble des VPI. L’application des mesures de prévention recommandées par la CNESST permet de limiter l’exposition des pompiers aux PFAS.
Un projet de recherche en développement et visant à caractériser l’exposition des pompiers aux PFAS permettra d’évaluer leurs risques professionnels associés à ces substances. Il permettra également de soutenir les milieux de travail concernés et d’ajuster les mesures de prévention à mettre en place.
Pour connaître les recommandations intérimaires et paritaires du groupe de liaison des Pompiers de l’APSAM, quant à l’exposition au PFAS,
consulter la page Pompiers.