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Résultats du sondage sur la violence en milieu de travail

Date
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Information générale en SST

La violence au travail est une problématique qui touche tous les secteurs professionnels, mais il est clair que la fonction exercée par certains employés les rend plus susceptibles d’être victimes ou témoins d’actes de violence grave (AVG). Le secteur des affaires municipales représente un des milieux parmi les plus à risque : en effet, les caractéristiques des tâches du personnel de ce secteur impliquent différents facteurs de risque tels que le contact avec le public, la manutention d’argent, l’application de réglementations, un lieu de travail mobile et le fait de travailler seul.

Environ un homme sur trois et une femme sur cinq subissent les conséquences d’une blessure physique après un AVG en milieu de travail. La violence au travail peut également mener à des troubles psychologiques tels que l'anxiété, la dépression et à des troubles psychosomatiques. L’adaptation et la recherche de soutien à la suite d’un acte de violence varient selon les individus et selon les milieux socioprofessionnels, notamment suivant les perceptions reliées à la violence. On observe également des différences entre les femmes et les hommes : en effet, le risque de développer un état de stress post-traumatique à la suite d’un tel événement est deux fois plus élevé chez les femmes, tandis que les hommes tendent plus à développer des comportements antisociaux ou à risque face à des difficultés psychologiques.

Actes de violence grave (AVG)

Attaques, menaces de préjudices physiques ou incidents dans lesquels une arme est présente. Les actes les plus fréquents sont les voies de fait – 71 % de tous les cas de violence en milieu de travail.

Enquête sociale générale sur la victimisation, Statistique Canada

Conséquences

La violence au travail peut entraîner diverses conséquences pour le personnel touché, tant victimes que témoins, tout particulièrement sur le plan psychologique. Pour l’ensemble de ce sous-échantillon, l’irritabilité apparaît comme la difficulté la plus fréquente, dans 44 % des cas, suivie par des difficultés de sommeil et de l’évitement pour plus du tiers de ces répondants, hommes et femmes. Les résultats montrent cependant que les femmes (17 %) sont plus susceptibles que les hommes (9 %) de vivre des flash-back.

Les actes de violence peuvent également entraîner des répercussions au travail. La conséquence la plus souvent mentionnée, tant pour les hommes que pour les femmes, est une baisse de productivité (20 %), suivie par des arrêts de travail (12 %). Concernant l’impact sur le fonctionnement au travail, 21 % des répondants indiquent que l’impact a été modéré à très important (15 % des hommes vs 28 % des femmes). Les résultats soulignent ainsi que les femmes (17 %) sont plus susceptibles que les hommes (9 %) de vivre des difficultés psychologiques au travail telles que des troubles de concentration, du stress et de l’hypervigilance.

Stratégies

De manière générale, les stratégies les plus couramment utilisées par les répondants victimes ou témoins d’un AVG au travail, pour retrouver un fonctionnement normal après l’événement, sont d’en parler ou de faire appel à une aide professionnelle (87 %). Toutefois, les résultats indiquent que les hommes utilisent ces stratégies dans une proportion moins importante que les femmes : 93 % des femmes et 84 % des hommes ont rapporté avoir eu recours aux services professionnels d’un médecin, d’un psychologue ou d’un psychiatre, tandis que 93 % des femmes et 83 % des hommes ont choisi d’en parler à une personne de leur entourage personnel ou professionnel.

La stratégie nommée comme étant la plus aidante est le soutien de l’employeur, du syndicat et des collègues (38 %), suivie par le fait de consulter un professionnel pour 22 % des hommes ou de bénéficier de mesures de protection pour 17 % des femmes.

Perceptions concernant la violence et le soutien

La dernière partie du sondage visait à mieux comprendre la perception que les travailleurs et les gestionnaires du secteur des affaires municipales ont de la violence au travail. Ces questions touchaient donc l’ensemble des répondants, qu’ils aient été victimes/témoins ou non d’un AVG au travail. Cette section a permis de faire ressortir un certain paradoxe : la plupart (86 %) ne considèrent pas la violence physique comme normale dans leur milieu de travail, mais plus du tiers (39 %) estiment qu’ils seraient jugés par leurs collègues ou leur employeur s’ils se plaignaient de tels actes de violence. Il faut souligner également que la moitié des répondants (47 %) indiquent qu’ils ne connaissent pas les politiques de leur milieu de travail relativement à la violence physique.

Le sondage s’est aussi intéressé à la perception que les répondants ont des ressources et de l’aide offertes par leur milieu professionnel. De manière générale, alors que la majorité d’entre eux (78 %) considèrent qu’il est très important ou essentiel d’avoir les outils nécessaires pour faire face à la violence au travail, 60 % déclarent que ces outils ne sont que peu ou pas du tout présents dans leur milieu de travail. Une politique de « tolérance zéro » (74 %), le soutien de l’employeur (65 %) et des collègues (44 %) apparaissaient également comme essentiels, mais relativement peu présents (47-55 %). Par ailleurs, les répondants estimaient qu’ils recevraient plus d’aide s’ils étaient victimes plutôt que témoins (notamment concernant l’offre de faire appel au programme d’aide aux employés, 74 % versus 46 %). La majorité des répondants apparaissaient également incertains quant au soutien de l’employeur dans le cas où ils seraient victimes (47 %) ou témoins (47 %), ainsi que la possibilité de prendre congé (46 % et 32 % respectivement).

Conclusion

Les résultats de cette étude montrent que la violence au travail touche de nombreuses personnes dans le secteur des affaires municipales et a des conséquences importantes tant pour les victimes que pour les témoins. Les ressources offertes par le milieu de travail, notamment le soutien de l’employeur et des collègues, s’avèrent ainsi essentielles, alors que les répondants indiquent que celles-ci sont peu présentes ou méconnues. Des barrières à la recherche d’aide, telles que la peur d’être jugé, apparaissent également présentes, particulièrement concernant les hommes. Il importe donc de mettre en place les mesures nécessaires pour améliorer la prévention et la prise en charge au sein de ces milieux afin de diminuer la prévalence et d’atténuer les conséquences de ces actes de violence.

Pour atteindre ces objectifs, voici quelques exemples de mesures qui pourraient être mises en place, et ce, à trois niveaux de prévention :

  • en prévention primaire dans le but de prévenir les situations de violence : revoir l’organisation du travail, élaborer des procédures pour des situations particulières, évaluer l’aménagement des lieux et assurer la formation du personnel;
  • en prévention secondaire pour assurer une réponse immédiate lorsque des situations de violence surviennent : établir des mesures d’intervention telle un plan d’urgence, voir à ce que l’aménagement des lieux soit conforme à ce plan et que le personnel soit formé pour en permettre l’application; prévoir également des services d’urgence de soutien au personnel;
  • en prévention tertiaire afin d’assurer les soins et de favoriser la réadaptation à long terme : établir un processus de déclaration et d’analyse des événements de violence dans le but d’éviter les récidives, mettre en place des moyens pour la prise en charge des victimes ou témoins de violence, dans le but d’offrir un suivi concernant les soins nécessaires ainsi que pour la réadaptation et la réintégration au travail en cas d’absence.

La mise en place de mesures pour prévenir la violence en milieu de travail et assurer une bonne prise en charge du personnel qui en est victime ou témoin implique une démarche globale au sein de l’organisation.

Suites de l’étude

Les données recueillies par ce sondage mené dans différents secteurs d’emploi serviront à intéresser, informer et sensibiliser les milieux de travail aux AVG et aux spécificités des réactions des femmes et des hommes à la suite de ces événements. De plus, les divers projets de recherche de l’équipe VISAGE permettront de mettre en perspective les résultats obtenus afin d’aider les travailleurs et les gestionnaires à mieux comprendre les facteurs de risque et de proposer des protocoles de prévention de la violence et de prise en charge post-événement adaptés à leurs besoins.

L’équipe VISAGE : Violence au travail selon le sexe et le genre, dirigée par Stéphane Guay, directeur du Centre d’étude sur le trauma de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, a pour objectif d’étudier le phénomène des AVG en milieu de travail selon plusieurs points de vue, notamment celui du travailleur (exposé à la violence ou à risque de l’être) en tenant compte des différences et similitudes entre les femmes et les hommes.

Pour plus d'information sur la violence au travail, consulter notre thème Violence et clientèle difficile.